Témoignage BREST Kerichen le 14 avril 2003   (4/8)


L'ÉCONOMIE comme mode d'organisation de ce Monde.

Définition de Lionel Robbins: "Science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs". Avec cette définition, l'économie serait effectivement une science, et même une science humaine. Malheureusement elle ne correspond pas à la réalité: les finalités humaine et environnementale sont absentes de la théorie économique qui nous domine.

Un exemple proche de vous : Je crois qu'on vous a présenté la semaine dernière les sphères Économique, sociale et environnementale comme ayant une relation d'intersection, en tête de Mikey comme sur la figure 1. En tant que mathématiciens, vous devriez vous rendre compte que ça ne correspond en rien à la réalité : L'économie, la société et l'environnement seraient ainsi des entitées indépendantes existant par elles mêmes et n'ayant de vagues relations avec les deux autres que par une faible surface d'intersection, jouisssant d'une autonomie totale sur leur majeure surface ? Ce qui permet à la sphère économique de dominer totalement des deux autres sphères. Et c'est bien la prétention de l'Économie actuelle.

fig 1 et 2 les 3 spheres

Ce qui est contre nature parce que la relation naturelle entre ces trois sphères est d'inclusion et non d'intersection: la société humaine vit, par essence, dans la biosphère. Et la sphère économique, production purement humaine est entièrement incluse dans la société. C'est la figure 2 qui traduit la réalité.

Il résulte de cette relation d'inclusion de très importantes conséquences:

  • les activités humaines et naturelles comportent des aires extérieures à l'économie et irréductibles à celle-ci. Elle ne peut cependant les ignorer et doit respecter les cycles bio-géo-chimiques qui sont le support de sa propre existence.
  • dans ses propres limites, la sphère économique possède, par définition de l'inclusion, des dimentions des sphères sociale et naturelle auxquelles elle appartient. Le travail humain, par exemple, n'est pas seulement une force qui s'échange sur le marché, mais l'activité d'une personne qui a une vie psychique et sociale et dont l'organisme obéit aux lois de la biologie elles mêmes soumises à celles de la thermodynamique.

La prétention de l'économie à soumettre la nature et la société à ses popres lois est donc illégitime. L'Économie devrait être, au contraire, une activité multidimentionnelle appelant une pensée transdisciplinaire. Le préfixe "trans"; ayant trois significations très importantes ici: à travers, ensemble et au-delà, qui mériteraient d'être développées si j'en avais le temps...

Mais le fait d'avoir "fissionné" ces trois sphères est révélateur du négationisme qui a fondé la théorie économique qui se pose non comme la science qu'elle se prétend, mais comme idéologie, héritage de la pholosophie des lumières: pour Françis Bacon et Descartes, puis Saint Simon et même Marx, l'Homme pouvait et devait soumettre la nature.

Au 19e siècle, J.B. SAY a posé le fondement de l'économie actuelle sur le constat que "la nature est un bien libre", donc gratuit (jusqu'ici c'est vrai) mais il conclut que s'il est gratuit c'est qu'il est inépuisable (!) et n'entre donc pas comme tel dans le champ de l'économie. Autrement dit, la nature est extérieure au système (au sens thermodynamique) économique qui comptabilise donc ses flux entrants depuis la nature comme ressource, mais sans tenir compte du stock externe supposé infini.

Cette "mise hors bilan" de la nature constitue, ce qui en comptabilité serait une fraude, la spéculation fondamentale du capitalisme qui est à la source de tous les déséquilibres qu'il génère et sans laquelle l'accumulation du capital, la croissance, ne pourraient s'opérer.

  • Et voilà pourquoi la crise du développement est écologique !
  • En réponse à cette crise écologique, le paradigme libéral néo-classique introduit une économie de l'environnement, comme nouvelle branche de l'économie. Et plutôt que de replacer l'Économie dans l'environnement, elle fait simplement de celui-ci un marché supplémentaire, une nouvelle économie de la dépollution, du recyclage, du commerce des déchets, des droits d'émission de CO2, des écotaxes... sans remettre en cause le pillage d'origine: la nature et même le social, restent externalisés. D'où la fission des trois nuclides (sphères).

Et l'on disserte, on colloque, on "tempête sous les crânes", on "forum", on publie quantité d'analyses des problèmes sociaux et environnementaux, on avance des solutions comme le "développement durable", en évitant soigneusement de parler de la cause commune à tous ces problèmes. Mais on tournera en rond tant qu'on continuera à se cacher derrière son petit doigt en refusant d'identifier le capitalisme en tant que système pervers qui détraque continuellement la belle mécanique qu'est notre Monde, et qui scie ce faisant, la branche sur laquelle il est assis.

Les trois cycles moteurs du capitalisme puisent leur énergie dans les trois sphères:

  • Economique: cycle surproduction (Tc)destruction (Tf)
  • Biosphère: cycle gaspillage (Tc)Pillage écologique, pollution (Tf)
  • Sociale : cycle Excédents (Tc)pénuries (Tf)

Dans un moteur thermique, Tc est la température thermodynamique de source chaude et Tf la température de source froide. Dans ces "cycles moteurs capitalistiques", on peut conserver les mêmes indices symboliques aux températures des deux sources d'échange, mais Tc figure la température du pôle capital et Tf la température du pôle fléau. Noter que Tc correspond malgré tout à un état de surchauffe économique et Tf à un état de frima économique. Avant de se hasarder à poser un rendement capitaliste par analogie avec le rendement de Carnot (η= 1 - TT), il faudrait vérifier qu'on est bien en présence de cycles...

On devrait en trouver au moins un en combinant ces trois transformations qui appartiennent à la même machine. Dans ce cas, comme l'économie capitaliste ne produit pas de travail, mais en consomme (et en dédruit même) en ne produisant que du désordre (y compris social), on n'est pas en présence d'un cycle moteur mais d'un cycle de réfrigération, ou plutôt destruction puisque le désordre remplace ici la chaleur. Le coefficient de performance destructive de l'économie capitaliste serait donc de la forme:

COPd = Tf  / ( Tc - Tf )

À creuser...


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