Témoignage BREST Kerichen le 14 avril 2003   (5/8)


Le DÉVELOPPEMENT comme instrument de domination du Monde

Le développement est le dernier avatar de cette machine capitaliste, inventé pour trouver de nouvelles ressources et débouchés à sa croissance, les anciens étant saturées depuis longtemps. Car la croissance est une fatalité intrinsèque au capitalisme: comme une bicyclette, elle ne peut s'arrêter sous peine de tomber. En étendant la notion de développement depuis le domaine biologique (le développement est typiquement le propre des maladies), à la sphère sociale puis économique, on a inventé les "sous-développés", et créé du même coup un débouché fantastique au développement économique frénétique. Ce développement n'est ainsi qu'une fuite en avant d'évitement des causes qui favorise l'éclosion de la pandémie du "développement durable".

La reconversion de l'agriculture productiviste actuellement en phase terminale, en une agriculture dite "raisonnée", nouveau Yeti techno-scientiste, l'illustre bien: cela consiste seulement à polluer un peu moins maintenant pour pouvoir continuer de polluer un peu plus longtemps. C'est typiquement du développement durable !

La critique du développement, et surtout la prospective d'un après-développement est un travail de recherche actuel et je vous renvoie à la bibliographie. Je voudrais juste vous faire part d'un point de ma réflexion présente. Alors que la croissance évoque un mouvement linéaire d'accumulation indéfinie, le développement est strictement borné à l'équilibre thermodynamique d'entropie maximale. Il s'agit bien de l'évolution irréversible d'un état vers un autre état: par ex. l'enfant se développe et devient un adulte (une structure dissipative de Prigogine), il ne se développe pas au delà de sa mort (équilibre dS / dt = 0 : Smax ).

Le progrès d'une génération sur l'autre nécessite un nouveau développement (nouvelle vie) à partir d'un nouvel état initial: nouveau bit de donnée sur l'ADN par la reproduction absorbant de la négentropie (Schrödinger 1945 What is life?), de nouveau vers un état d'équilibre (mort). En sautant de l'échelle de l'individu (cycle de la vie) à celle de l'espèce, ce cycle macroscopique ne peut être qualifié de développement car ni la trajectoire, ni l'état final ne sont définis. Mais il s'agit bien de l'évolution telle que l'a décrite Darwin.

Or cette évolution indéterminée, caractérisée par l'assymétrie passé-futur, est un concept très gènant pour le dogme essentiel au capitalisme qu'est la croissance-mouvement-perpétuel. Je pressens un hiatus idéologique entre les notions de développement et d'évolution qui... évoluent (!) sur des échelles (voire dimensions?) de temps sans commune mesure.

Petite histoire:

Du temps de Darwin, des colons anglais avaient ramené à la Reine des sauvages capturés en terre de feu, les avaient éduqués à la civilisation (on dirait au jourd'hui développés) et "renvoyés dans leurs foyers" où Darwin les observa. Contrairement à toute attente, au lieu de propager la civilisation parmi leurs congénères, ils sont retournés rapidement et avec bonheur à la vie "sauvage".


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